Cours particulier

Swendra arriva, un grand sourire aux lèvres. Elle avait peur, et aucune envie de grimper, mais ce dont elle avait encore moins envie s'était de montrer cette peur et cette faiblesse.
Elève Creem présent ! s'exclama t-elle en riant, arrivant à la hauteur de Quentino

Je viens de passer trois heures à la piscine, je pense que ça ira pour l'échauffement. répondit la Monomorphe en riant encore de l'air professoral de Quentino
Swendra regarda le mur d'escalade et pâlit.
Tout sauf ça... pensa t-elle
Elle grimaça.
Je crois que je vais quand même m'échauffer un peu avant.
Elle commença à faire des moulinets avec ses poignets. Elle ne se sentait pas à l'aise parce qu'elle avait échangé sa jupe longue contre un pantalon de sport, déchiré en bas à cause des écailles sur ses jambes, et son corset était devenu un tee-shirt noir un peu trop large pour elle. Sa tenue peu habituelle ajoutée à la présence de ce mur, tout ça ne lui plaisait pas. Mais il y avait Quentino. Et il avait fait l'effort d'aller à la piscine, pour elle.

Swendra hocha la tête et enfila le baudrier avec un peu de difficulté, elle ne savait pas trop comment le mettre et n'avait que l'exemple de Quentino pour s'aider. Elle fit disparaître le plus d'écailles possibles sur ses jambes, mais elle ne pouvait pas les enlever complètement et de toutes façons son pantalon était déjà en lambeau au niveau des mollets. La Monomorphe réussit finalement à attacher le baudrier.
C'est désagréable ! s'exclama t-elle
Elle remonta un peu le bas de son tee-shirt pour dénuder ses branchies dont la fine peau écailleuse frottait contre le haut du baudrier.
Si jamais ça les abîmes je te fait frire comme une tranche de saumon, Quent. dit-elle avant de laisser retomber son tee-shirt sur ses branchies
Elle adressa un sourire à son professeur particulier pour qu'il comprenne qu'elle plaisantait, néanmoins ça l'aurait embêtée de devoir poser des pansements sur cette zone fragile de son ventre.

Swendra resta sans voix en voyant la prévoyance de Quentino.
Je.. euh... merci ! C'est très gentil à toi... vraiment.
Mal à l'aise qu'on soit si sympa avec elle, elle se dépêcha d'échanger les deux baudriers et de mettre les chaussures, c'était bien mieux ainsi.
On peut commencer ? demanda t-elle

Swendra lui adressa un sourire qui trahissait toute sa peur.
Bon eh ben... quand faut y aller...
Elle posa son pied sur une prise et en attrapa deux autres avec ses mains. Son baudrier ne lui faisait plus mal, mais la sensation d'être attachée était tout de même désagréable, et à la fois sécurisante vue la situation.
... faut y aller ! finit-elle
Aussitôt dit, aussitôt fait, elle se hissa avec les bras pour que son second pied trouve lui aussi une prise. A ce moment là, et alors qu'elle n'était même pas à trente centimètres du sol, elle glissa, ripa, et se retrouva accrocher au mur simplement par les mains, ses pieds battant l'air dans le vide. Déjà là, elle sentait que si elle regardait le sol elle aurait le vertige.
Qu'est-ce que je fais ? demanda t-elle, consciente qu'elle devait être ridicule

La Monomorphe rougit. Swen. Il l'avait appelé Swen ! Ses frères l'appelaient Wendy et elle n'aimait pas ça, mais Swen ça lui plaisait bien...
Confiance ! cria t-elle presque. T'es marrant... c'est en toi que j'ai confiance, pas en moi.
Swendra fit la grimace et réussit à rapprocher ses pieds de la parroi. Elle monta d'une ou deux prises et se retrouva de nouveau pendue par les mains.
Mais c'est quoi ce mur ? Il n'y a pas une seule prise de correcte !
Swendra grogna.

Swendra bougonna un peu et obéit. Elle lâcha les prises et s'écarta un peu du mur pour mieux voir les prises. Ensuite, ce fut plutôt facile. Elle avait une bonne mémoire et se souvenait où trouver les prises suivantes sans avoir à répéter la manoeuvre trop souvent. Elle monta aussi vite qu'elle put, en réalité pressée de redescendre, glissant souvent, jurant parfois contre sa maladresse.
Arrivée en haut elle cria à l'adresse de Quentino :
Et je fais quoi maintenant ?

Ne comprennant pas du tout où voulait en venir Quentino, Swendra commença à s'énerver.
Bien sûr que j'ai le vertige ! Qu'est-ce que tu crois ? ça fait des décennies que j'ai le vertige, je sais bien que tu es quelqu'un d'exceptionnel mais quand même !
Jugeant que ce n'était peut-être pas très malin d'être méchante avec celui qui tenait sa vie entre ses mains, elle reprit, plus gentiement.
Et donc, je fais quoi maintenant ?

Swendra fut piquée au vif par les réfléxions de Quentino.
Sache mon cher petit Quentino que les Monomorphes n'ont jamais peur de rien. J'ai vécu des années près des frontières du territoire vampire, j'ai traversé le continent pour atteindre l'Arche, j'ai survécu à ma première rencontre avec Delora et on est même devenues amies. Plus rien ne peut me faire peur !
Après cette tirade enflammée, elle lacha les prises et se retrouva les pieds dans le vide. Elle attrapa la corde à pleine main et commença à crier :
Quentttttttttttttttttttttt... j'ai peur !!!!

Tu vas me payer ça ! lui cria Swendra
Elle jeta un coup d'oeil à Quentino, plusieurs mètres plus bas. Son coeur battait la chamade, mais la fureur l'emporta soudain sur la peur. La colère surtout, était le sentiment le plus présent dans son esprit, de la colère contre le drow, mais contre elle-même surtout.
Tu peux le faire ? se demanda t-elle à elle-même
Oui, tu peux le faire.
Est-ce que tu vas oser faire ça ?
Oui, je vais oser faire ça.
Swendra cria :
Tu as raison Quent, je dois affronter ma peur... et pour l'affronter, il faut que je sois certaine qu'elle soit là et qu'elle reste là jusqu'à ce que je sois prête à la vaincre.
Disant cela, la Monomorphe se fit balancer au bout de sa corde, jusqu'à retrouver ses prises sur la parois. Ses deux pieds étaient sur de bonnes prises, ses deux mains aussi. Elle en lâcha une et s'assura qu'elle était encore suffisament stable pour faire ce qu'elle avait à faire. Ayant bien réfléchie, elle décrocha son mousqueton de son baudrier, et ensuite se libéra de celui-ci.
Eloigne toi, je ne voudrais pas que tu te reçoive ça sur la tête.
La corde tomba, le baudrier aussi. Swendra était toujours en haut du mur, elle avait toujours peur, mais elle était prête à affronter cette peur. Elle prit une grande inspiration et enleva l'un de ses pieds de la prise pour en trouver une autre, plus basse, entament ainsi sa descente.

La Monomorphe se mordit malicieusement les lèvres, les mains croisées dans son dos, les yeux rivés sur le bout de ses chaussures de sport. Si Quentino avait pu voir son regard, il aurait comprit sans qu'elle ait besoin des mots pour le dire.
Tu voix, commença t-elle tout bas, j'ai peut-être pas réussi à vaincre ma peur mais... je suis redescendue du mur.
Elle n'osait pas croiser ses yeux. Il devait être furieux de ce mauvais coup qu'elle lui avait fait.
Je suis désolée, quand j'ai peur je... je fais vraiment n'importe quoi. Excuse moi...

Swendra fit la moue. Elle ne croyait pas dur comme fer que Quentino la laisserait se débrouiller seule, même si elle avait prit en compte cette éventualité lorsqu'elle avait laché la corde et le baudrier.
J'ai faim. dit-elle
On pourrait peut-être arrêté là le cours pour aujourd'hui, et aller manger ? Qu'en dis-tu ?

Swen poussa un soupir déçu, elle avait presque espérée pouvoir éviter une nouvelle montée en haut du mur. Elle attrapa un sandwich et mordit dedans alors que le drow retournait vers son sac.
Est-ce que... est-ce que c'est un sandwich au thon ? Quent ! Tu as osé me proposer un sandwich au thon !
Swendra n'avait pas croqué, elle avait juste réalisé à quoi était le sandwich au moment où sa bouche s'en approchait, reconnaissant la garniture à l'odeur. Jamais elle n'avait mangé un seul poisson, qui pour elle était comme un cousin éloigné.
Je peux... je peux l'échanger avec ton sandwich ? demanda t-elle timidement. Il est au poulet je crois... je le sens d'ici !
Elle jeta un coup d'oeil aux boissons.
Tu as du jus de fraise ? C'est ce que je préfère... je... j'en ferais des folies !

Swendra essaya de ne pas avoir l'air vexé que Quentino ne la croit pas sur parole.
Oui c'est du thon. assura t-elle
Elle regarda Quentino mélanger ses boissons et éclata de rire.
C'est en effet étrange ! Orangina et COca ! Est-ce que c'est bon ?

Celle-ci hésita un peu avant de goûter du bout des papilles. Puis elle prit une longue gorgée.
C'est trop bon ! s'exclama t-elle. COmment as-tu l'idée de faire un pareil mélange ? Ces boissons n'existent pas sur le Continent, tu as du avoir la recette de quelqu'un d'ici, non ?

Swendra s'installa sur le bord de la piscine, confortablement, bien décidée à rester là à prendre le soleil. Sa peau ne bronzait jamais, et c'était mieux ainsi, trouvait-elle. Est-ce que ça peau pâle et écailleuse par endroit plaisait à Quentino ? Le drow avait l'air de ne pas trouver cela dérangeant.
Qu'est-ce que tu penses de moi, Quent ? demanda brusquement la Monomorphe
Je veux dire... comment est-ce que tu penses que je suis, mentalement.

(H.J: la piscine n'est pas au même endroit que le mur d'escalade que je sache...)
Quentino répondit sans la moidre hésitation.
Je pense que tu es une personne sympathique, intelligente et combative... Et aussi un peu folle parfois ! Et cela n'est pas pour me depliare, loin de la. Et on est tous fou si on y réfléchit bien... Chacun à sa manière.
Il adressa son plus beau sourir à la Monomorphe. Moi par exemple je suis fou de t'aimer alors que je suis si insignifiant par raport à toi... Et que je te verrais mourrir alors que moi je serais encore jeune...

Oui, cette réponse me va. sourit la Monomorphe
Elle regarda le mur en poussant un soupir.
Est-ce que je dois vraiment remonter là-dessus aujourd'hui ? s'inquiéta t-elle
S'il le fallait, elle était prête à le faire.

Swendra poussa un soupir.
Je crois t'avoir déjà dis que tu vas finir par me le payer un jour, Quent.
Et elle remonta sur le mur avec mauvaise humeur, bien décidée à refaire le coup du "j'enlève mon baudrier" rien que pour qu'il retourne la chercher en haut.
Me lâche pas ! lui cria t-elle avec un sourire moqueur, arrivée à mi-hauteur

Je ramolli ? s'exclama Swendra
Elle s'arrêta net de monter. Furieuse.
Comme oses-tu dire que je me ramolli ? C'est comme si tu disais que l'on a trop longtemps laissé cuire un gratin de poisson et que maintenant il est mou et immangeable !
Elle était vexée.
Tu sais quoi, je boude.
Elle monta jusqu'en haut du mur et s'assit sur le rebord tout en haut. Elle avait le vertige, et elle avait peur, mais tant pis. Elle était déterminée.
Tu vois, j'y suis arrivée ! s'exclama t-elle
Maintenant je veux que tu me fasses une prommesse, Quentino.

Swendra se lança et dit, hésitante.
Promets moi que tu ne me laisseras pas seule si un jour j'ai un problème. Parce que moi je te laisserais pas tomber Quentino. Je t'apprécie trop pour te laisser affronter les ennuis tout seul, et trop aussi pour te laisser avoir des ennuis à ma place ou par ma faute.Mais s'il m'arrive un truc, j'aimerais savoir que tu m'as promis de pas me laisser affronter ça toute seule.


(hj : oublie pas qu'on n'est pas sensé s'avouer nos sentiments dans ce sujet ^^)